30 Avril 2022
On ne se le cachera pas... les chiens qui ont une génétique de travail sont de plus en plus au chômage: ils sont pour la plupart devenus des chiens de compagnie . De par cette absence d'occupation à temps plein, ils vont oui, développer des problèmes de comportements comme le jappement inopportun, la fugue, la destruction, mais ils vont quelques fois développer une condition grave: l'anxiété. Voici comment et pourquoi.
Depuis plus de 35,000 ans, le chien a accompagné l'humain dans ses activités de subsistance: garde et encadrement de troupeau, garde de propriété, chasse des animaux qu'on appelait "nuisibles", tir de traîneaux, rapport à la chasse etc. Le chien a permis à l'humain de se consacrer pleinement à ses activités et à son développement en tant qu'occupant du territoire. Comme le cheval et les autres animaux de ferme, le chien est un élément essentiel contribuant à l'essor de l'humain sur la planète.
De nos jours, ces rôles canins sont presque totalement disparus en Occident.
Nos chiens sont maintenant des chiens ayant en général peu d'activités, utilisant peu leur sens de résolution de problèmes relié à leurs anciennes tâches. Pire, ils sont une bonne partie de leur journée en attente auprès de l'humain, qui va lui offrir occasionnellement une activité qui va le satisfaire.
Alors ils peuvent développer ce qu'on appelle de l'anxiété. Selon Par Dre Isabelle Bazin, D.M.V., résidente au Service de médecine du comportement et Dre Marion Desmarchelier, D.M.V., dipl. ACZM, dipl. ACVB, professeure adjointe en médecine du comportement, l’anxiété peut se définir comme l’anticipation d’un danger réel ou imaginaire.
Voici quelques signes d’anxiété chez le chien :
-Comportements défensifs: immobilité, évitement, retrait, fuite, agression
-Vocalisations, recherche de contact continuel avec une personne donnée
-Halètements, salivation, tremblements, posture basse, oreilles tirées vers l’arrière, bâillements, léchage des babines
-Vigilance augmentée: surveillance constante, sursauts, incapacité de relaxer
-Activité motrice constante (va et vient)
-Changement dans la routine d’alimentation ou des habitudes de sommeil
-Malpropreté: miction/défécation dans des endroits inappropriés
-Destruction d’objets
-Signes digestifs: vomissements, diarrhée
Lors de situations stressantes, il est possible que toute l’attention de votre chien soit utilisée afin de tenter de gérer cette situation. Il semblera donc ne pas vous entendre. On qualifie cet état d’esprit de «mode urgence».
(source: https://chuv.umontreal.ca/le-chuv/hopital-des-animaux-de-compagnie/ressources/lanxiete-chez-le-chien/)
La vie au travail pour un chien est une sécurisation pour lui selon le Dr Joel Dehasse, car le travail remplace les activités de recherche de nourriture en nature, les contacts avec les éléments de la nature et avec ses congénères. Aplomb physique et psychologique émergent de cette vie de travail. Plus le chien sera libre et autonome, moins il aura de chance de vivre une détresse psychologique.
Sans cette sécurisation, le chien pourrait ne pas pouvoir satisfaire ses besoins essentiels et finir par développer de l'anxiété.
Alors si un vétérinaire diagnostique de l'anxiété chez un chien, il serait sage de débuter un changement de vie graduel pour ce chien et lui permettre de vivre des activités qui se rapprochent le plus possible de sa génétique.
Il faudra tout probablement augmenter substantiellement le nombre d'heures en activités occupationnelles (activités sportives, ludiques, sociales, masticatoires, entraînement). Pour un chien de travail, viser 5-6h00 par jour ou plus 7-8h00 selon le cas.
Voici des idées d'activités (toujours adapter les activités selon l'âge, la race et la santé du chien):
-Recherche au nez (balle lancée ou cachée dans un champ ou dans un bois, croquettes lancées dans le gazon, biscuits cachées dans des contenants, etc.;
-Sortie ou arrêt marche reniflage: en marche en longe, périodes d'arrêt pour renifler les bosquets, randonnée en longe avec packsac, etc.;
-Tir de traineau pour enfant; tir de traineau avec petite charge;
-Canicross, skijoring, bikejoring;
-Marche rapide avec longe;
-Cours de pistage;
-Cours de recherche au nez;
-Rapport au leurre, de balle, de frisbee;
-Chercher et vider des jouets indestructibles contenant des morceaux de nourriture;
-Mastication d'os crus congelés en repas;
-Jouer avec un ami chien connu et apprécié (un chien à la fois);
-Se promener avec un ami chien connu et apprécié.
Il faudra aussi que le chien apprenne à se calmer. Entraîner le chien à avoir des périodes de repos et de calme en renforçant positivement toute activité de calme dans la maisonnée. À ce sujet, Émily Larlham de Kikopup a une excellente vidéo explicative.
Un gilet calmant pourrait aussi être utilisé à bon escient dans ce cas en combinaison avec des huiles essentielles de lavande.
Si le vétérinaire a suggéré une médication contre l'anxiété, il serait sage de suivre ses indications.
Pour avoir travaillé récemment avec plusieurs chiens de travail souffrant d'anxiété, ces suggestions fonctionnent. Il y a donc des solutions pour ces chiens.
Mais rien ne vaut la prévention:
-éviter d'adopter un chien d'une race de travail si vous ne désirez pas ou ne pouvez pas trop bouger avec lui;
-si vous avez quand même l'intention d'adopter un tel chien, agissez en prévention en offrant à partir de 4 mois, des activités de sécurisation et occupationnelles selon un horaire quotidien.
Danielle Gauthier De Varennes
Éducateur comportementaliste canin et félin
FIDÈLE CANIN