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FIDÈLE CANIN

L'expérience du petit Albert appliquée au chien

L'expérience du petit Albert appliquée au chien

Tout récemment, une personne m'a contactée car son chien était devenu agressif envers les humains.

Originellement, ce chien avait une attirance tout à fait normale envers les chiens qu'il rencontrait. Un jour, alors qu'il était en visite chez le vétérinaire, il démontra une impulsivité à la rencontre des chiens présents dans la salle d'attente. Il tirait sur sa laisse et allait vers ces chiens. Un mélange de curiosité et de mauvaises manières tout simplement. Un problème mineur jusque là. Un contre conditionnement (assis, reste avec moi et regarde moi) aurait suffi à régler cette problématique.

Mais un "professionnel" de la clinique décida de régler autrement cette situation. En pleine salle d'attente, alors que le chien tirait sur sa laisse pour aller rencontrer un congénère, cet intervenant actionna une corne de brume tout près de sa tête. Depuis ce temps, le chien est agressif envers tous les humains étrangers.

Que s'est-il passé?

''L'expérience du petit Albert'' pourrait bien nous renseigner la dessus.

En 1920, John B. Watson, l’un des pères du behaviorisme, désire savoir comment l’aversion et les émotions négatives peuvent naître d’un processus de conditionnement. Watson entreprend l’expérience du Petit Albert: les psychologues veulent susciter volontairement la phobie des rats chez un enfant de moins de 9 mois afin de prouver qu’une phobie peut être acquise suite à un processus de conditionnement. Côté éthique, on repassera... mais en 1920... on ne discutait même pas de cette question.

Watson et ses chercheurs lui présentent des rats blancs et des objets à fourrure blanche. L’enfant ne manifeste aucune crainte particulière, ce qui, selon Watson, prouve que les rats sont pour Albert des « stimuli neutres » (qui n’apportent aucune réaction spécifique).

Afin de lui apprendre à avoir peur de ces rats, les psychologues lui présentent un rat, et lorsque l’enfant va le prendre, un chercheur fait retentir un bruit violent et très fort. Albert, assis sur un matelas, tombe à la renverse et se met à pleurer. L’équipe répète ce procédé six fois et Albert fini par pleurer et se mettre à trembler à la simple vue du rat sans que le bruit ne soit présenté. L'expérience est répétée et Albert tombe, pleure et s’enfuit à quatre pattes. Le rat est devenu un stimulus conditionnel qui déclenche la peur; la seule présence du rat, et plus généralement d’objet à fourrure blanche, suffisent à faire peur à l’enfant… Le petit Albert est même effrayé à la vue du masque du père Noël porté par Watson.

Le hic de cette histoire est qu'Albert est parti sans que Watson ait jamais renversé l'aversion (désensibilisation) ressentie par l'enfant. L'enfant a donc généralisé à tout animal et tout objet bizarre alors qu'au départ, rien de tout cela ne lui faisait peur.

Voyez-vous maintenant le lien entre l'expérience du petit Albert et notre chien du début?

Le chien a été mit dans le contexte d'une association très aversive et traumatisante (le bruit de la corne de brume), le rendant agressif aux humains étrangers. Il a généralisé à tous les humains qu'il ne connait pas alors que cet état de fait n'existait pas avant l'événement de la corne de brume. Et dans son cas, une seule présentation a suffit à déclencher ce traumatisme.

Voilà pourquoi utiliser des méthodes punitives aversives peut se retourner contre l'animal qu'on entraîne (peur causée par des bruits, coups, cris etc...). Le conditionnement opérant apporte heureusement d'autres solutions.

Pour en savoir plus sur l'expérience du petit Albert, visitez le https://www.youtube.com/watch?v=FMnhyGozLyE

L'expérience du petit Albert appliquée au chien
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